EMPLOI PHARMACEUTIQUE DES PLANTES MEDICINALES ET PHYTOTHERAPIE
Définition de la phytothérapie:
La phytothérapie, au sens étymologique, « la thérapeutique par les plantes »
La phytothérapie est le traitement des pathologies bénignes par les plantes médicinales; celles-ci sont consommées en nature (tisanes) ou après simple transformation (poudre, extrait, teinture) en excluant leurs principes actifs chimiquement définis et isolés (alcaloïdes, hétérosides, etc.)
Autre définition :
Le phytomédicament ou médicament à base de plantes: sont des médicaments dont les principes actifs sont exclusivement des drogues végétales et/ou des préparations à base de drogues végétales.
Les préparations à partir de drogues végétales se présentent en extraits, teintures, huiles grasses ou essentielles, fragments, poudres ou sucs exprimés par pression
Formes d’administration des plantes en phytothérapie
En phytothérapie, on emploi les plantes soit en nature (tisane) ou sous forme galénique (poudre, teinture, extrait sec…)
Les Tisanes:
Les tisanes sont des solutions aqueuses préparées à base de plantes sèches en vrac ou en sachets-doses (infusettes), généralement destinées à la voie orale mais parfois en usage externe (bains, lotion…)
Les mélanges : 3 règles existent pour réaliser des mélanges:
Règle 1: ne pas dépasser un total de 10 plantes (optimum 6)
3 à 5 plantes responsable de l’activité
1 à 3 plantes améliorant la saveur (anis vert, badiane, basilic, bigaradier, cannelle, carvi, clou de girofle, coriandre, fenouil doux, mélisse, menthe poivrée, orange doux, romarin, sarriette, thym)
1 à 2 plantes améliorant l’aspect (bleuet, coquelicot, karkadé, mauve, pensée, souci, violette)
Règle 2: mélanger les plantes à même propriétés ou ayant deux propriétés complémentaires, ex: insomnie – palpitations/troubles digestifs – troubles hépatiques
Règle 3: mélanger des plantes de degrés de division et de densité proches pour obtenir des mélanges homogènes
Règle 4: mélanger des plantes s’utilisant de façon identique, ex: racines en décoctions/feuilles en infusion
La consommation: La consommation de tisanes obéit à 2 règles:
Règle 1: respecter la posologie
5 à 20 g de plante/l d’eau et 2 à 4 tasse/24h (1 tasse = 150 à 200 ml)
Règle 2: consommer la tisane dés sa préparation, afin d’éviter l’altération des PA et la contamination bactérienne
Mode de préparation:
Macération: on laisse la plante en contacte avec de l’eau froide à T ambiante = macéré
Infusion: verser de l’eau bouillante sur la drogue et laisser reposé 5 à 10mn puis filtrer
= infusé
Décoction: plonger la drogue dans de l’eau froide, puis la faire bouillir pdt 5 à 10 mn puis filtrer = Décocté
Digestion: macération à chaud, T< à la T ébullition de l’eau = digesté
2- les formes galéniques employés en phytothérapie :
Les poudres :
Les drogues sèches sont réduites en poudres au moyen de moulins, de broyeurs, de concasseurs; puis le produit de broyage est tamisé.
Le cryobroyage: certains laboratoires effectuent le broyage à basse T (azote liquide à
-196°C)
Il faut conserver les poudres dans des bocaux bien fermés à l’abri de la lumière
Les extraits:
Les extraits sont des préparations liquides (extraits fluides), de consistance semi-solide (extraits mous ou fermes) ou solide (extraits secs), obtenues à partir de drogues végétales à l’état sec.
Extraits fluides :
Les extraits fluides sont des préparations liquides dont, en général, 1 partie en masse ou en volume de solvants correspond à 1 partie en masse de drogue végétal.
Extraits mous ou fermes
Les extraits mous ou fermes sont des préparations semi-solides préparées par évaporation partielle du solvant ayant servi à leur extraction.
Extraits secs
Les extraits secs sont des préparations solides, obtenues par évaporation totale du solvant ayant servi à leur production.
Les Teintures :
Les teintures sont des préparations liquides alcooliques généralement obtenues par macération ou lixiviation de la drogue sèche par l’alcool éthylique.
Les teintures sont dosées au 1/5éme et plus rarement aux 1/10éme.
Les alcoolatures:
Préparations liquides obtenues par épuisement par l’alcool des drogues fraiches à partir de 1 partie de drogue végétale et de 1 partie de solvant (peu utilisé)
SIPF : suspension integrale de plantes fraiches
Ce sont des cryabroyats de drogues fraiches en suspension dans une solution hydroalcoolique
Les macérats glycérinés :
Ce sont des préparations résultant de l’action dissolvante de la glycérine diluée sur des tissus végétaux en pleines croissance (bourgeons, jeunes pousses, radicelles…)
Plantes médicinales à l’officine
Il s’agit de plantes médicinales dispensées à l’officine destinées à un usage thérapeutique, cela nécessite un approvisionnement de choix et un stockage dans de bonnes conditions.
Approvisionnement: 2 cas se présentent:
Le pharmacien peut s’approvisionner auprès d’un laboratoire spécialisé à statut pharmaceutique, ainsi, il dispose d’un numéro de lot et d’un bulletin d’analyse pour chaque commande
Achat auprès d’un fournisseur non pharmaceutique avec pour chaque plante un certificat d’identité et d’origine (nom de la plante, le fournisseur, date d’achat, quantité…), il doit établir une fiche technique de contrôle de conformité aux normes de la Pharmacopée
Stockage:
Le stockage s’effectue dans un local aéré, sec, obscur à une T comprise entre 15 et 18°C avec des surfaces adaptées pour un nettoyage facile.
Les stocks doivent être régulièrement vérifiés pour s’assurer de la non contamination des plantes en vers et autres insectes ravageurs
Les stocks doivent être régulièrement renouvelés:
1 à 2 ans pour les organes fragiles (fleurs, feuilles…) et les drogues à huiles essentielles…
2 à 4 ans pour les organes résistants
Les limites de la phytothérapie:
La phytothérapie ne doit traiter que les troubles bénins ou la vie du malade n’est pas en danger
On exclu la phytothérapie des traitements de HTA, diabète, cancers, sida…
Comme toutes thérapeutiques, elle doit rester l’exclusive des professionnels de santé (médecin, pharmacien)
Le plus souvent, les effets indésirables sont dus à des produits non soumis à un contrôle officiel (produits vendus en herboristerie…)
Pour limiter les risques, dans le cadre du conseil à l’officine, il faut effectuer un interrogatoire rigoureux et il faut pratiquer une phytovigilance active vis-à-vis d’effets indésirables constatés pour ce genre de produits et de les signaler au centre national de pharmacovigilance et de matériovigilance (CNPM)
La phytovigilance :
La phytovigilance consiste en la surveillance des effets indésirables et des interactions médicamenteuses consécutifs à l’emploi de médicaments à base de plantes (MABP), de compléments alimentaires à base de plantes (CABP), de phytocosmétiques et/ou de plantes médicinales.
il convient que le pharmacien sensibilises les patients et se montre très vigilant en ce qui concerne la déclaration des événements indésirables causés par des substances végétales et généralement imputés à la co-administration de médicaments classiques.
Phytocovigilance et risques de toxicité
l’Agence européenne pour l’évaluation des médicaments: a établit une liste de drogues végétales présentant des risques sérieux pour la santé (effets génotoxiques et/ou cancérigènes en particulier) ou sources d’allergies.
Drogues à acides aristolochiques : mutagènes, cancérigènes et néphrotoxiques, Les drogues végétales renfermant des acides aristolochiques sont issues de plantes des genres Aristolochia et Asarum (famille des Aristolochiaceae).
Drogues à furocoumarines: phototoxique, mutagènes et cancérigènes, présentes dans les plantes du genre Angelica , mais également chez d’autres espèces de la famille des Apiaceae et chez certains Citrus sp.
Drogues à estragole : hépatotoxique, mutagène et cancérigène, se trouve dans différentes plantes et huiles essentielles.
Drogues à pulégone et menthofurane: hépatotoxiques, on les retrouve dans les huiles essentielles de différentes espèces de menthe telles Mentha piperita…
Phytovigilance et risques d’interactions médicamenteuses :
Les études intensives de phytovigilance ont permis de déceler des interactions importantes entre certaines préparations à base de plantes et certains médicaments chimiques.
Toute substance végétale prise concomitamment au médicament est susceptible de provoquer une interaction dite plante– médicament.
Cela ayant pour conséquence un sous-dosage ou surdosage du médicament et l’apparition de conséquences cliniques, perte de l’effet thérapeutique ou apparition d’effets indésirables
On peut distinguer deux types de mécanismes d’interactions entre médicaments chimiques et médicaments de phytothérapie :
les interactions de nature pharmacodynamique
les interactions de nature pharmacocinétique
Par exemple:
le jus de pamplemousse peut parfois augmenter l’action des β-bloquants, des anticalciques, des inhibiteurs des protéases ou diminuer celle de la cyclosporine, de la digoxine, ainsi que de certains hypotenseurs et antihistaminiques
Les plantes à anthraquinone aux propriétés laxatives ( Séné, aloès, bourdaine, cascara) présentent un risque d’interaction possible avec les médicaments hypokaliémiant ET en augmentant le transit intestinal, ils peuvent diminuer l’absorption de certains médicaments.
Les tanins peuvent aussi former des complexes notamment avec certains alcaloïdes et antibiotiques réduisant les quantités de médicaments absorbés
Les compléments alimentaires :
les Compléments alimentaires : sont des denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seuls ou combinés,
les compléments alimentaires peuvent contenir des ” Plantes et préparations de plantes “possédant des propriétés nutritionnelles ou physiologiques
NB : complément alimentaire n’est pas associé aux contraintes d’un dossier AMM et donc il présente plus d’avantage commercial pour les laboratoires.
Les professionnels de santé, médecins et pharmaciens, doivent d’ores et déjà être bien avisés de faire la distinction entre phytomédicaments et compléments alimentaires, en matière de qualité et de sécurité, mais surtout en termes d’efficacité pharmacologique.

