Les Huiles Essentielles
I- Définition :
Selon la Pharmacopée européenne (8ème éd ) une huile essentielle est « un produit odorant de compositions généralement assez complexe, obtenu à partir d’une matière végétale botaniquement définie, soit par entrainement à la vapeur d’eau, soit par distillation sèche, soit par un procédé mécanique sans chauffage.
Et l’huile essentielle est le plus souvent séparée de la phase aqueuse par un procédé physique n’entrainant pas de changement significatif de sa composition. »
La matière végétale peut être: fraiche, flétrie, sèche, entière, contusée ou pulvérisée sauf les fruits des Citrus qui sont à l’état frais
On obtient des huiles essentielles officinales renfermant les composants volatils contenus dans les végétaux et plus ou moins modifiés aux cours de la préparation.
Autres définitions :
Concrète: ou essence concrète ou essence « extrait à odeur caractéristique, obtenu par extraction à l’aide d’un solvant non aqueux à partir de substances végétales fraiches, suivie de l’élimination de ce solvant par procédé physique. »
Résinoïde: extrait à odeur caractéristique, obtenu par extraction à l’aide de solvant non aqueux à partir de substances végétales desséchées, suivie de l’élimination de ce solvant par procédé physique. »
Pommade florale: corps gras parfumé obtenu à partir de fleurs.
Absolues (essences absolues): produit à odeur caractéristique résultant de l’extraction par l’éthanol à basse T des concrètes, des résinoïdes ou des pommades florales.
Epices: produits végétaux naturels (entiers ou en poudres) exemptes de matières étrangères utilisés pour donner de la saveur, de l’arome et assaisonner les aliments.
Arôme : au sens alimentaire: un principe odorant qui émane de substances naturelles ou qui est engendré par un processus physique, chimique ou enzymatique (café torréfié…)
au sens pharmaceutique: substances introduites dans certains médicaments pour masquer ou améliorer l’odeur et la saveur à l’exception des substance à saveur sucrée, salée ou acide (menthol, vanilline…)
II- Répartition et localisation :
Les HE sont largement répondus dans le règne végétal, elles sont réparties dans une 60ènes de Familles : Astéracées (armoise, camomille…), Lamiacées (lavande, menthe, romarin, thym…), Lauracées (camphrier, cannelier, laurier…), Myrtacées (eucalyptus, giroflier…), Apiacées (carotte, cerfeuil, persil…), Abiétacées (pin, sapin…), Rutacées (citron, orange…), Poacées, Zingibéracées, Pipéracées…
Les HE sont stockées dans tous les organes végétaux : Les fleurs (lavande…), feuilles (eucalyptus, laurier…), fruits (anis, orange…), graines (muscades…), écorce (cannelle…), rhizomes (gingembre, curcuma…), racines (vétiver…), bois (camphrier…).
Les teneurs en HE sont faible souvent < à 10ml/kg, exceptionnellement le giroflier à 150ml/kg.
Dans une même plante, ces HE peuvent exister dans différents organes et la composition varie d’un organe à l’autre.
III- Formation:
On distingue, les essences préformées et non préformées.
Les essences préformées: la synthèse et l’accumulation des HE sont assurées par des structures histologiques spécialisées, telle que:
Cellules à huile essentielle (Lauracées – Zingibéracées) Poils sécréteurs (Lamiacées)
Poches sécrétrices (schizogènes: Myrtacées et Schizolysigènes:
Rutacées)
Canaux sécréteurs (Apiacées



– As
teracées)
Cellules épidermiques à HE de pétale de rose
2 Poils sécréteurs de Lavande
Un canal sécréteur d’Ombellifère

schéma de formation de poches sécrétrices
Les essences non préformées: sont des produits odorants qui ce forment après hydrolyse enzymatique, ex: essence d’amande amère
Propriétés physico-chimiques des huiles essentielles :
Liquides à température ambiante.
Les huiles essentielles sont volatiles et entrainable à la vapeur d’eau.
Elles sont généralement incolores ou jaune pâle.
Leur densité est généralement ˂à 1 sauf exception (HE de sassafras, de girofle, ou de cannelle)
Indice de réfraction souvent élevé et sont douées de pouvoir rotatoire.
Peu solubles dans l’eau (odeur= eau distillée florale), elles sont solubles dans les alcools de titres élevés, solubles dans les huiles fixes et la plupart des solvants organiques apolaires.
Elles sont altérables, sensibles à l’oxydation.
Elles ont tendance à se polymériser en donnant des produits résineux.
V- Composition chimique :
Les huiles essentielles sont des mélanges très complexes* constituées de 2 groupes d’origine biologique distinctes:
→ Composés terpéniques
→ Composés aromatiques dérivés du phénylpropane
Les Terpénoides : (C5H8)n
Les huiles essentielles sont constituées des terpènes les plus volatils :
→ Monoterpènes à C10 : ils peuvent être acycliques, monocycliques ou bicycliques.
Ils constituent + 90% des HE, Plusieurs variations structurales existent telle que: alcools, aldéhydes, cétones, phénols…
→ Sesquiterpènes à C15 : Les plus répondus sont les carbures, les alcools et les cétones
Composées aromatiques dérivés du phénylpropane:(C6-C3)
Ils sont beaucoup moins fréquents que les terpénoides, ils sont classés selon la nature des fonctions qu’ils portent (acides, aldehydes, phénols…)
NB : La plus part des constituants sont d’origine terpènique ; seul un petit nombre HE sont constituées majoritairement de composés aromatiques (HE de cannelle et de girofle).
Parmi les constituants très nombreux des huiles essentielles l’un domine généralement : HE de badiane et d’anis renferment 95% d’anéthole.
Procédés d’extraction:
Procédés d’obtention des HE:
Les HE sont extraies de la matière végétale par différents procédés.
Seul deux procédés d’extraction sont admis par la Pharmacopée Fse:
L’entrainement à la vapeur d’eau.
L’expression à froid des Citrus.
A: Entraînement à la vapeur d’eau ou hydrodistillation :
Principe : Le matériel végétal (intacte ou broyé) est immergé dans un ballon rempli d’eau qui est porté à ébullition, les vapeurs hétérogènes produites (H2O+HE) sont condensées sur une surface froide et l’HE se sépare de la phase aqueuse par différence de densité.
la technique :

D’autres variantes de cette technique sont utilisées:
Entraînement à la vapeur saturée : Le végétal n’est pas immergé dans l’eau mais c’est la vapeur d’eau qui est injectée directement à travers le végétale disposée sur des plaques perforées.
Hydrodiffusion:
Le végétal n’est pas immergé dans l’eau mais c’est la vapeur d’eau qui est injectée par le haut à travers le végétal(à l’inverse de la distillation), procédé rarement utilisé
Expression à froid :
C’est une technique utilisée pour l’extraction des HE des écorces des fruits de Citrus (Citron, Orange douce, Orange amer ou bigarade, mandarine…).
Principe : les zestes des citrus sont dilacérés et le contenu des poches sécrétrices rompues est récupéré par un courant d’eau (procédé à froid)
2) Technique : selon le mode de rupture de la paroi du fruit nous avons :
1er cas : sur le fruit entier, on utilise des machines pellatrices qui exercent une action abrasive sur le fruit, lacérant sa surface externe et provoquant la mise en liberté de HE.
2ème cas : sur le fruit découpé en plusieurs quartiers on utilise des machines sfumatrices qui extrait HE en créant dans les écorces des zones de compression et dépression suffisante pour que HE puisse être libérée.
Procédés d’obtention des concrètes et résinoïdes:
Il existe de nombreuses méthodes utilisées en industrie telle que:
Extraction par les solvants organiques volatils
Enfleurage
Extraction par gaz supercritique
Extraction par les solvants organiques volatils : consiste à faire macérer la plante dans le solvant froid (éther de pétrole ou hexane) à fin de faire passer les substances odorantes dans le solvant qui sera éliminé par distillation.
Si la matière végétale est fraiche, on obtient : concrète Si la matière végétale est séchée, on obtient : résinoide
Enfleurage : Met à profit la liposolubilité des HE dans les corps gras, cette opération concerne l’extraction des parfums des fleurs, on obtient une pommade florale, il existe 2 variantes :
Enfleurage à froid : on dépose des fleurs sur des plaques de verre recouverte d’une mince couche de graisse, puis on les remplace par des fleurs fraîches jusqu’à saturation du corps gras.
Enfleurage à chaud (digestion) : l’extraction se fait par immersion des fleurs dans le corps gras fondu (60 à 70°c)
Extraction par gaz supercritique : Cette technique est basée sur le fait que le gaz CO2 lorsqu’il atteint un état supercritique présente un pouvoir de dissolution accrue vis-à-vis des HE.
Conservation des huiles essentielles :
La durée de conservation des HE varie entre 12 à 18 mois selon l’huile essentielle.
Leur conditionnement doit se faire dans des flacons propres et secs, fait en aluminium, acier inoxydable ou en verre teinté, presque entièrement remplis ou sous atmosphère d’azote, fermé de façon étanche et stocké à l’abri de la chaleur et de la lumière.
Le contrôle des HE :
Les drogues à huiles essentielles et les huiles essentielles doivent répondre à des normes selon la pharmacopée
Caractères organoleptiques : aspect, Odeur, et Couleur de HE
Caractères physiques : déterminer les indices suivants : Densité, Indice de réfraction, Pouvoir rotatoire, Viscosité, Point de fusion et de congélation, Solubilité dans l’alcool des huiles essentielles
Caractères chimiques : telle que : Indice d’acide, Indice de carbonyle, Indice d’ester, Eau dans les huiles essentielles…
Caractères chromatographiques et spéctrophotométriques : en réalisant : CCM, CPG, CPG/SM, HPLC, HPLC/SM
Dosage des huiles essentielles : Le dosage se fait par entrainement à la vapeur d’eau dans un appareil spécial, dans des conditions précises.
Le distillat est recueilli dans le tube gradué en présence de xylène pour fixer l’huile essentielle tandis que la fraction aqueuse retourne automatiquement dans le ballon générateur de vapeur, le Résultat est exprimé en ml/kg de drogue

Emplois :
Pharmacie :
Les drogues à huiles essentielles ont un grand intérêt en pharmacie, elles s’utilisent soit en :
→ Nature sous forme d’infusion pour leurs usages pharmacologiques.
→ Préparations galéniques simples.
→ Pour l’extraction des huiles essentielles.
Les huiles essentielles sont utilisées soit comme :
→ Aromatisant pour masquer l’odeur désagréable des médicaments destinés à la voie orale.
→ Pour l’isolement de certains constituants (eugénol, anéthol, pinènes…)
→ en Aromathérapie : une thérapeutique qui utilise les huiles essentielles pour traiter un certains nombres d’états pathologiques
Parfumerie et cosmétologie :
Les propriétés odorifantes des HE confer à ces dernières une consommation importante en parfumerie et en cosmétique.
Exemple : rose, jasmin, vétiver, Ylang-Ylang…
Elle représente environ 60% des matières premières de l’industrie des parfums
Industrie alimentaire :
C’est les HE qui donnent aromates et aux épices leurs saveurs.
Les essences d’anis et de badiane sont la principale source d’anéthol naturel, composé utilisé en liquoristerie (fabrication des boissons anisées) et en confiserie (bonbon, chocolat…).
Chimie d’hémisynthèse:
Utilise des isolats (substances pures isolées des HE) comme matières premières pour la synthèse:
De principes actifs médicamenteux: Pin maritime pinène camphre
De vitamines:
Lemon-grass citral vitamine A
De substances odorantes:
Giroflier eugénol vanilline
Toxicité des HE:
o Toxicité aigue: faible
par vois orale : elle est faible (la majorité des HE ont DL50 entre 2 à 5g/kg)
par voie cutanée: L’absorption est très rapide, HE ne doit jamais être utilisée pure , elle doit être diluée dans de l’huile végétale.
Certains constituants sont toxiques : cétones monoterpéniques (thuyone, camphre, pinocamphone) sont des toxiques du SNC (épileptiformes et tétaniformes et des troubles psychiques), d’autres monoterpènes et composés aromatiques sont toxiques à forte dose : menthol, eucalyptol, anéthol…
Toxicité chroniques: mal connue
Interactions médicamenteuses: mal connue
Il ne faut pas les prescrire pour les enfants <6ans et les femmes enceintes et celles qui allaitent.
Les posologies devront être respectées quelle que soit la voie d’administration, 1 à 2 gouttes d’HE sont déjà actives, il ne faut pas dépasser 6 gouttes/jr réparties en 3 prises et le traitement doit être de courte durée.
Les HE les plus dangereuses: HE d’absinthe, petite absinthe, armoise(blanche, commune et arborescente), cèdre, hysope,
sauge officinale, tanaisie, thuya, moutarde jonciforme, chénopode vermifuge, rue, sabine, sassafras.
X.
Drogues à HE
Drogues antiseptiques :

Autres drogues antiseptiques
| Pin sylvestre | Grand arbre | Bourgeons | 1-2% HE: | Antiseptique pulmonaire | ||
| Pinus | originaire des | (Ph. Fse, IX | α pinène (50%) | Les bourgeons sont employés | ||
| sylvestris | régions | Ed), | et Limonène (25- | s/f d’infusé dans les | ||
| Pinacées | montagneuses | Feuilles ou « | 30%) | affections respiratoires | ||
| d’Europe et du | aiguilles » | L’HE entre dans la | ||||
| Nord de l’Asie | composition de pastille et de | |||||
| préparation pour inhalation | ||||||
| Thym | Sous | Tige fleurie | 0,5 – 2% HEThymus à thymol, à carvacrol, à linalol, àthuyanol… | HE en usage interne: | ||
| Thymus | arbrisseau | (Ph. Fse, VIII | Antiseptique, | |||
| vulgaris | vivace à tiges | Ed) | Anthelminthique, | |||
| Lamiacées | très ligneuses | Cholérétique, Diurétique | ||||
| En usage externe: | ||||||
| Cicatrisante | ||||||
| Giroflier | un arbre | Boutons | 15 à 20% HE | Antiseptique | et | antalgique |
| Eugenia caryophyllata Myrtacées | originaire d’Indonésie | floraux non épanouis | Principalementd’eugénol | dentaire | ||
Drogues Eupeptiques :
| Nom français, latin, et de la famille | Description de la plante | Description de la drogue | Composition chimique | Indications thérapeutiques |
| Menthe poivrée Mentha piperita Lamiaceae | Plante herbacéevivace à tige quadrangulaire souvent rouge violacé, à feuilles opposées et dentées, à fleurs pourpre groupées en épis | Les feuilles sèches (Ph. Fse, IX Ed) | 1-3% HE40-60% dementhol libre et estérifié8-10% dementhone | Stomachique et antispasmodique.La drogue est très utilisée en infusé comme carminatif, stomachique, antispasmodique.L’HE est employée surtout comme aromatisant, en pharmacie, confiserie et liquoristerie. |

Autres drogues eupéptiques :

Drogues antispasmodiques :
| Nom français, scientifique et la famille | la plante | la drogue | Composition chimique | Indications thérapeutiques | |
| Camomille romaine Anthemis nobilis ASTERACEAE | Plante vivace, se terminant par des capitules floraux odorants, solitaires et blanche | Capitules floraux (Ph. Fse, IX Ed) | – O,4-1% d’HE dont la couleur bleu clair est du à la présence de chamazulène. | Antispasmodique et anti- inflammatoire.La drogue est utilisée en nature (infusion) comme tonique amer, stomachique etantispasmodique.En usage externe, l’HE est antirhumatismale | |
| Marticaire | Herbe | Capitules | -0,3 à 0,8% d’HE (Ph. | Tonique amer, stomachique, et | |
| camomille | annuelle, | floraux (Ph. | Fse, IX Ed) colorée en | diurétique. | |
| allemande | abondante en | Fse, IX Ed) | bleu foncé, riche en | Elle est utilisée en nature | |
| Marticaria | Europe. | chamazulène. | (infusion) et s/f galénique | ||
| chamomilla | (teinture, extrait fluide). | ||||
| ASTERACEAE | En usage externe, c’est un anti- | ||||
| inflammatoire et un cicatrisant, | |||||
| la drogue est très employée | |||||
| aussi en décocté pour | |||||
| l’éclaircissement des cheveux. | |||||
| HE est anti-inflammatoire et | |||||
| antirhumatismale. | |||||
Drogue stimulante du SNC :

Les Monoterpènes (C10)


(Citron, mélisse, verveine)



(menthe poivrée)
(thuya)
(camphrier)
(eucalyptus)
(chénopode) (thym)
Les Sesquiterpènes (C15)

(tilleul)
Les composés aromatiques dérivés du phénylpropane (C6-C3):
(Baume du Péroi, de Tolu et de benjoi)
(Cannelle)
(giroflier)
(Badiane de chine, fenouil et Anis vert)

