Le processus cancéreux
INTRODUCTION : Le processus tumoral est la prolifération anormale de cellules qui aboutit à la formation d’un nouveau tissu autonome appelé tumeur.
On appelle cancer une tumeur maligne constituée par la prolifération de cellules anormales qui échappent à tout contrôle de leur division, et qui ont tendance à envahir les tissus voisins.
Par extension, on nomme aussi cancer la pathologie engendrée par cette tumeur.
Le cancer est la première cause de mort prématurée en France : il tue une personne toutes les trois minutes, soit environ 150 000 personnes par an.
Le passage d’une cellule normale à une cellule cancéreuse n’est pas immédiat, il s’effectue en plusieurs étapes et sur une durée souvent longue.
Un suivi médical régulier et des examens paracliniques adaptés permettent donc souvent de traiter la pathologie à un stade précoce.
MODIFICATIONS GENETIQUES ET CANCER :
Une cellule dont l’ADN est abîmé par un agent interne ou externe à l’organisme possède un système de réparation habituellement efficace, qui permet de reconstituer assez rapidement un ADN normal.
Toute mutation au niveau des gènes réparateurs de l’ADN peut donc entraîner l’apparition d’un cancer.
Les cellules cancéreuses échappent toujours au contrôle de leurs divisions, pourtant dû à des mécanismes d’origine génétique très efficaces.
Il existe en effet deux types de gènes impliqués dans le contrôle de la division.
Les gènes activateurs de la division, ou proto-oncogènes, codent pour des facteurs de croissance.
Une mutation les transforme en oncogènes, qui vont stimuler de manière excessive la prolifération cellulaire.
Les gènes inhibiteurs de la division, ou anti-oncogènes, ont l’effet inverse, puisqu’ils codent pour des protéines qui empêchent la multiplication des cellules.
Toute mutation qui empêche l’expression de ces gènes, ou les faits coder pour une protéine non fonctionnelle, annule le contrôle de la division cellulaire et provoque une prolifération cellulaire anarchique.
Une cellule cancéreuse peut également devenir « immortelle » par mutation des gènes responsables de l’apoptose.
LES ETAPES DU PROCESSUS TUMORAL :
Le processus tumoral commence toujours par la mutation d’une cellule à la suite d’une modification de son matériel génétique.
Quel que soit le facteur à l’origine de la mutation, le processus déclenché suit les mêmes étapes.
Formation de la tumeur bénigne (Etape A) : c’est un processus de longue durée, pendant lequel on observe une hyperplasie, c’est-à-dire une prolifération cellulaire lente (1).
Transformation de la tumeur bénigne en tumeur maligne (Etape B) : la tumeur bénigne subit une dysplasie, c’est-à-dire un développement anormal, au cours duquel les cellules se dédifférencient (2).
Elles se divisent de manière incontrôlée et échappent à l’inhibition de contact, un processus qui arrête en temps normal la multiplication cellulaire quand toutes les cellules manquantes d’un tissu ont été remplacées.
La tumeur
maligne va progressivement se rapprocher d’un vaisseau sanguin, mais on se trouve encore dans le cas d’un cancer in situ.
Passage d’un cancer in situ à un cancer invasif (Etape C) : au contact d’un vaisseau sanguin, certaines cellules cancéreuses, qui ont également perdu leur capacité à adhérer à leurs voisines, se détachent de la tumeur et passent par la circulation sanguine pour aller envahir d’autres tissus.
Ces cellules forment des tumeurs secondaires ou métastases (3).
2.
COMPARAISON ENTRE UNE TUMEUR BENIGNE ET TUMEUR MALIGNE :
Bien qu’une tumeur maligne provienne directement d’une tumeur bénigne, elle subit de telles transformations que leurs caractéristiques sont totalement opposées :
| Tumeur bénigne | Tumeur maligne | |
| Aspect macroscopique | Tumeur régulière, bien limitée.Tissu identique au tissu d’origine. | Tumeur de forme irrégulière.Tissu différent du tissu d’origine. |
| Aspect microscopique | Cellules normales d’aspect et de fonction, bien différenciées. | Cellules anormales, indifférenciées avec de gros noyaux ; sécrétions de marqueurstumoraux. |
| vascularisation | Pas de vascularisation propre. | La tumeur saigne au contact et ne cicatrise pas normalement, elle entraîne des complicationsvasculaires. |
| développement | Extension lente et limitée avec simple compression des organes | Extension rapide et illimitée :la tumeur primitive envahit les tissus puis les organes voisins (extension locale puis régionale) ;des métastases apparaissent par dissémination sanguine ou lymphatique des cellulescancéreuses. |
| pronostic | Bon, pas de récidive après letraitement | Réservé : risque de récidive et demétastases. |
| traitement | Simple : ablation chirurgicale. | Complexes, souvent en association : chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie,etc. (voir plus loin). |
